Cahier 35





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Quand dans le silence
En attendant l’été
qui prend sa source
sous le village
Je suis descendu faire l’amour
entre ses cuisses et l’herbe
Au bord de l’avaler
j’ai écarté les jambes
pour l’avoir bandé


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C’est le paysage banal d’une enfance banale, faite de caves qui se vident et de greniers qui se remplissent. C’est le bon vieux temps des premières cigarettes qui nous assurent de grandir un peu plus vite.

Le village est suffisamment petit pour que par temps clair, quand la soirée est juste comme il faut, on puisse voir les feux follets s'échapper des jeunes tombes, et s'emmêler au tourbillon du moulin à vent. Tu pourrais croire que t’as mal vu, que t’as confondu avec les reflets des pales métalliques. Alors tu sortiras vite. Mais ils auront déjà disparu. 

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Là où les orages naissent.

Le point de vue imprenable pour un bel orage, c’est le ventre de ta mère et ses environs, comme pour ta sœur avant toi, un plateau qui surplombe un lac en forme de croissant de lune, une maison dont la seule fenêtre donne sur un mur de rochers avec deux femmes qui se disputent et ainsi de suite abrité sous un verger. Les éclairs sont des boules de feu qui rebondissent sur les pentes des montagnes, emportant quelques fois un oncle sur leur passage et ne laissent que deux points de nuit sur la peau.